De la même manière que nous rendons hommage aux mères, il est tout aussi juste et naturel de célébrer les pères. Cette reconnaissance, aujourd’hui bien ancrée dans nos calendriers au mois de juin, possède des racines anciennes et variées, à la croisée des traditions religieuses, des élans affectifs et des stratégies commerciales.
Des origines religieuses anciennes
Dans les pays catholiques, la figure paternelle est honorée dès le Moyen Âge. Le 19 mars, jour de la Saint Joseph, le père nourricier de Jésus, était consacré aux pères de famille. Mais cette vénération est encore plus ancienne : dès le Ve siècle, dans certains monastères d’Égypte, une fête était dédiée à Joseph, fixée alors au 20 juillet selon le calendrier copte. C’est dans ce contexte qu’a été rédigée l’Histoire de Joseph le charpentier, un texte apocryphe témoignant de ce culte.
Une idée née d’un drame et d’un besoin d’équité
L’origine de la fête des pères moderne remonte à un tragique accident minier survenu en 1907 à Monongah (Virginie-Occidentale), où 362 hommes, pour la plupart pères de famille, périssent. Le choc national entraîne des messes commémoratives à travers le pays.
C’est dans ce contexte qu’en 1910, une institutrice, Sonora Smart Dodd, propose de créer une journée dédiée aux pères, inspirée par la fête des mères qui commence à se populariser. Élevée par un père veuf, elle souhaite lui rendre hommage. La première célébration a lieu le 19 juin 1910, dans l’État de Washington.
Il faudra attendre 1972 pour que la fête soit officiellement reconnue aux États-Unis, sous la présidence de Richard Nixon, et fixée au troisième dimanche de juin.
En France : du briquet au comité national
Dans l’Hexagone, l’histoire prend un tour plus commercial. C’est en 1949 que l’entreprise Flaminaire, fabricante de briquets, initie la première fête des pères pour promouvoir ses produits. Le slogan de l’époque, resté célèbre, est explicite : « Nos papas nous l’ont dit, pour la fête des pères, ils désirent tous un Flaminaire ». L’année suivante, en 1950, la fête est fixée au troisième dimanche de juin, sur le modèle américain. Deux ans plus tard, un comité national de la fête des pères est créé, chargé notamment de récompenser les pères les plus méritants, choisis à l’origine par les services sociaux municipaux. Cette fête vient ainsi compléter celle des mères, officialisée également en 1950.
Une tradition universelle... mais aux dates variées
La fête des pères n’a pas de date unique dans le monde. Voici quelques exemples de célébrations ailleurs :
Australie et Nouvelle-Zélande : le premier dimanche de septembre ;
Allemagne : le jour de l’Ascension (40 jours après Pâques), appelée Männertag ou Herrentag ;
Russie : depuis 2021, la fête des pères a été instaurée le 17 octobre par décret présidentiel pour valoriser le rôle paternel dans la famille.
Un geste universellement ancien
Bien avant nos calendriers modernes, des marques d’affection envers les pères existaient déjà. Une anecdote souvent racontée évoque Elmesu, un jeune Babylonien qui, il y a 4 000 ans, aurait gravé dans une tablette d’argile des vœux à son père. Si cette histoire relève davantage du mythe que de l’histoire vérifiée, elle symbolise bien une chose : l’amour filial traverse les âges.